FEMMES DE SCIENCE ET DE SAVOIR. SAISON 1 (3/4) Femmes ou citoyennes ?

Lors de la Révolution française, c’est dans la lignée de Poullain de la Barre et de Benito Feijoo que se situe Olympe de Gouges. On retrouve chez cette femme éclairée, tout comme chez Nicolas de Condorcet et Talleyrand, le même plaidoyer en faveur des femmes, auquel s’adjoint une revendication pour que soient respectés les droits des minorités.

Olympe de Gouges

Olympe de Gouges signe une déclaration des droits de la femme sans valeur légale parce que non validée par la Convention. Elle réclame un traitement égalitaire envers les femmes dans tous les domaines de la vie, publics et privés. Ce texte reprend la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, à un certain nombre de différences près parmi lesquelles il en est une particulièrement importante. Dans le texte de plusieurs articles, le terme « l’homme » est remplacé par « la femme et l’homme » manifestant ainsi la volonté d’Olympe de lui donner une valeur universelle en refusant de remplacer l’exclusion dont sont victimes les femmes par un nouvel ostracisme.

Une attitude bien propre à conforter ceux qui ayant lu L’esprit des lois de Montesquieu auront compris que les femmes exigeant que soient respectés leurs droits ne partent pas en guerre contre les hommes. « L’empire que nous avons sur elles est une véritable tyrannie. Elles ne nous l’ont laissé prendre que parce qu’elles ont plus de douceur que nous et par conséquent plus d’humanité et de raison. Ces avantages, qui devraient leur donner la supériorité sur nous si nous avions été raisonnables la leur ont fait perdre parce que nous ne le sommes point… Nous employons toutes sortes de moyens pour leur abattre le courage. Leurs forces seraient égales si leur éducation l’était aussi »                                                                                                      

Charles Louis de Secondat, baron de Montesquieu
Nicolas de Condorcet

 Nicolas de Condorcet milite pour qu’on donne aux femmes le droit de vote. Inutile de dire qu’il ne sera pas entendu. Le 22 décembre 1789 l’abbé Sieyès fait la différence entre les français actifs et passifs au nombre desquels il compte, les femmes, les enfants, les délinquants de toutes sortes. En 1791 la Constituante confirme cette exclusion et le 24 juillet 1793 la Convention nationale la réitère.

Victor Hugo

Les Françaises devront attendre 1945 pour devenir des citoyennes. Une aberration que ne manquera pas de souligner Victor Hugo presque un siècle après la Révolution et un siècle avant cette décisive avancée : « Dans notre civilisation, c’est douloureux de le dire, il y a une esclave. La loi a de ces euphémismes : elle l’appelle une mineure !  Cette mineure selon la loi, cette esclave selon la réalité, c’est la femme. Dans notre législation, la femme ne possède pas, elle n’este pas en justice, elle ne vote pas, elle ne compte pas, elle n’est pas. Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyenne. C’est là un état violent : il faut qu’il cesse. »

Le mouvement d’émancipation des femmes, amorcé au XVIII° siècle, se brise sur les diktats de la Révolution française. L’article de la constitution qui leur est consacré confirme leur sujétion: « Toutes les instructions données aux élèves dans les maisons d’éducation publique tendront particulièrement à préparer les filles aux vertus de la vie domestique et aux talents utiles dans le gouvernement de la famille. »

La devise de la République française : Liberté, Égalité, Fraternité, qui figure en bonne place dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 évoque une fraternité et une égalité universelles. Mais, comme le souligne Réjane Sénac, politologue,  dans son livre : les non frères au pays de l’égalité[1], n’est pas frère qui veut. Les femmes qui constituent la moitié de la population et les non blancs dont le travail dans les colonies enrichit la nation sont exclus de ce généreux mouvement.

Les cahiers de doléance s’étaient pourtant fait l’écho des espoirs féminins lorsque les femmes au début de la Révolution, ont vu s’ouvrir, pour très peu de temps l’espace public.  Elles ont alors investi les tribunes, ont participé aux débats et aux revendications sociales. Leurs demandes concernaient l’instruction, le besoin en sages-femmes, l’institution du divorce, le droit de vote. Mais, aux côtés des hommes dans les combats, elles ont été bientôt renvoyées dans leurs foyers, interdites de rassemblement et traitées comme une race inférieure.                                                          

Un homme et une femme soulignent chacun à leur manière, à deux moments de notre histoire, cette situation ubuesque. Manon Roland, salonnière et personnalité politique avant d’être guillotinée en 1793 exprimera le 15 juillet 1791 un vrai désespoir : « Nous ne sommes plus en 1789. On nous a préparé nos chaînes » et quelques siècles plus tard, le poète martiniquais Aimé Césaire formulera la même déception avec cette force d’expression dont seuls sont capables les poètes : « Les non-frères renvoient à des citoyens non pas à part entière mais entièrement à part ».


[1] Réjane Sénac : les non-frères au pays de l’égalité. Les presses de France

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