FAKE NEWS ET COVID-19. Episode 2 : Des solutions ?

Devant les perturbations apportées dans nos vies par la crise que nous vivons, face à la menace et à l’urgence, la première réaction, la peur risque d’être une mauvaise conseillère. Il s’agit, face à la pandémie, de faire des choix et de les assumer.

Des raisons objectives

Cependant on ne peut nier que les peurs qui se manifestent soient dépourvues de raisons objectives.  Chaque fois qu’une catastrophe frappe l’humanité, le premier réflexe est de tenter de l’expliquer, voire de la justifier. L’idée de l’aléa est difficile à supporter. Il s’agit donc de comprendre les raisons et si on ne trouve pas d’explication valable, d’en inventer.

Or la science, dans ce cas, n’est pas d’un secours immédiat. L’incertitude que connaissent si bien les scientifiques n’est pas de nature à rassurer le public. Si l’on en croit le philosophe Edgar Morin, la science, c’est la controverse, la discussion, c’est-à-dire tout le contraire d’un catalogue de dogmes. il n’y a pas de vérité absolue en science. Or, par rapport au COVID-19, de nombreuses incertitudes demeurent : sur l’origine de l’épidémie, son degré de nocivité et ses conséquences. Cependant, « de nombreux laboratoires dans le monde consacrent leurs efforts à comprendre les dynamiques épidémiologiques des nouvelles maladies infectieuses dont le Covid-19. »[1]

Symbole de la fuite que savent si bien pratiquer les humains, les fake news, en attribuant le développement de la pandémie à la malveillance, permettent de nier notre vulnérabilité, de refuser l’idée du caractère cyclique des épidémies pourtant soulignées par les scientifiques, et donc d’éviter de se poser les vraies questions.

Or l’explication de ce qui nous arrive est beaucoup plus simple et beaucoup plus terrifiant que la plus effrayante des fake news. Selon Frédecic Keck, depuis le début de l’histoire, « toutes les épidémies sont liées aux grandes phases de la mondialisation, à l’accélération et à la multiplication des échanges ».  Les solutions proposées : construire des murs, restreindre les voyages, limiter les échanges ne résolvent rien. Certes le confinement est nécessaire mais il faut refuser l’isolationnisme. Il s’agit de trouver les bonnes solutions.

Les solutions

La recherche à l’œuvre

Le magazine en ligne SLATE[2] , dans un article du jeudi 9 avril souligne que partout dans le monde, les épidémiologistes , les praticiens et praticiennnes , les ingénieurs et ingénieures exploitent le flot des données sur l’épidémie pour modéliser sa progression, prédire l’impact des interventions possibles, développer des solutions.

Penser en terme de coopération et non de ségrégation

Frédérique Leicher-Flack propose des réponses individuelles -quête de l’essentiel, des ressources qu’on peut mobiliser pour résister-  et collectives , notamment une mobilisation générale de toutes les ressources créatives, chacun à sa place, enseignants, associations créant de nouvelles modalités d’aide et de soutien aux plus vulnérables. Il s’agit de réinventer la solidarité, le travail, l’humour, le vivre ensemble. Puisqu’il Il est impossible de fuir l’épidémie, il faut choisir de vivre au mieux, là où on se trouve, cette vie empêchée.

Préparer la nouvelle épidémie

« Les pandémies qui nous frappent ne sont qu’une facette du changement planétaire… L’humanité est confrontée aux conséquences de ses destructions, résultant de ses choix économiques et politiques. D’autres choix sont nécessaires pour la survie de notre espèce autant que pour la préservation des milieux naturels »peut-on lire dans la tribune du magazine Libération[3] où il est fait état d’un organisme international l’IPBES (plate-forme intergouvernementale pour la biodiversité et les service écosystémique) « qui propose aux gouvernements un bilan de nos connaissances scientifiques et empiriques sur les défis  posés par la préservation de la biodiversité et sur les moyens d’y répondre »

Fréderic Keck encourage les êtres humains à préparer la prochaine pandémie au lieu de laisser faire comme ce fut le cas lors de trente dernières années. « Nous sommes aujourd’hui confinés dans nos logements comme des poulets dans des cages avec la crainte de mourir d’un virus qui vient d’autres animaux. C’est le signe qu’il faut rétablir le contrat de domestication qui nous lie à eux. » Revoir les failles de notre système écologique, c’est peut-être ce « que cette crise nous permettra, je l’espère, d’affronter et de changer »

Face au danger, la solution n’est pas d’enfouir sa tête dans le sable pour ne pas le voir. Il ne suffira pas de nier la réalité pour éviter la pandémie comme le fit le gouvernement chinois en sanctionnant, pour défaitisme, le médecin lanceur d’alerte lors de la première manifestation du COVID 19. Dans la ville de Wuhan.

Pour préparer d’ores et déjà la prochaine pandémie dont les scientifiques nous avertissent qu’elle se produira inévitablement si nous ne changeons pas nos modes de vie, il s’agit de remettre en cause les choix de l’économie capitaliste qui pousse les humains à consommer toujours plus au mépris des autres êtres vivants et de la biosphère. C’est le choix que propose le Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion publié en 2018 par les éditions Actes Sud dont le sous-titre est éloquent : Récits et stratégies pour transformer le monde.

Une invitation à ne pas négliger en cette période où la pandémie nous invite, bon gré mal gré, à reconsidérer nos valeurs.


[1] Libération : Tribune en date du 08/04/2020

[2] SLATE, magazine en ligne, édition du 9 avril 2020

[3] Libération : Tribune en date du 08/04/2020

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