« Le web n’est pas perte du réel, il est le réel même de nos lectures et de notre écriture » écrit François Bon dans son blog. Du web comme mutation de la critique. L’édition change, il nous appartient de l’accompagner. Le temps est fini où quelques éditeurs tout puissants faisaient la pluie et le beau temps en fonction de leur bon vouloir ou de leurs convictions, il y a désormais place pour une autre édition en marge de celle-ci.
On assiste depuis une vingtaine d’années à une mutation profonde. Aujourd’hui quand on part au bout du monde en voyage d’affaires ou d’agrément, on s’offre le luxe d’emporter avec soi sa bibliothèque, des centaines d’ouvrages, auteurs classiques ou d’aujourd’hui, œuvres majeures ou amusettes qui tiennent dans l’espace réduit d’une liseuse ou d’un smartphone
L’édition numérique qui, depuis 20 ans, ne cesse de gagner est le lieu de toutes les expériences. Elle révolutionne les usages. En libérant le livre des pesanteurs du papier et du stockage, elle permet l’expérimentation, un renouvellement des pratiques et des formes. Elle ouvre la voie à des auteurs dont l’édition classique ne se soucie pas et offre aux lecteurs un immense choix.
La relation à l’écrit a subi un premier bouleversement quand on est passé de l’écriture manuelle qui était l’apanage des quelques lettrés à l’imprimerie. Puis la plume d’oie a été remplacée par le stylo à bille, la machine à écrire par le traitement de texte mais les écrivains demeurent les mêmes.
Artisans de l’écriture, ils obéissent à ce besoin fondamental de l’être humain qui est de raconter des histoires, de donner une existence aux sentiments, aux sensations, de partager leurs connaissances et leur réflexion. Créer, c’est exister, laisser sa trace, échanger. L’édition web leur offre l’immédiateté, la facilité de produire beaucoup à petit prix Littérature en ligne, édition à la demande, autant de libérations de l’écrit. Autant de dangers peut-être. Autant de richesses sûrement.
Quant aux échanges numériques, internet et réseaux sociaux, ils offrent aux amoureux de la chose écrite les outils pour lancer des ponts entre écrivains et lecteurs. Il importe de ne pas les laisser ces précieux outils aux mains des colporteurs de fausses théories, des attiseurs de haine, des manipulateurs de foule, des narcisses amoureux de leur image mais de leur donner une vraie mission, celle de rapprocher les êtres.
Est-ce à dire que face à l’édition de demain l’édition classique est obsolète ? Sûrement pas ! Il ne s’agit pas de remplacer l’une par l’autre mais bien plutôt de s’interroger sur le nouveau statut de l’auteur et du lecteur.
Le livre n’est pas mort et les écrivains moins encore. L’un et les autres évoluent avec leur temps