Pour que les choses changent réellement, Il ne suffira pas de constater les différences ni d’affirmer que les rôles ne sont pas déterminés à la naissance, toutes choses réelles et qui nous paraissent aujourd’hui,- du moins dans la partie du monde où nous vivons-, incontestables. Il appartient aux femmes et aux hommes de bonne volonté de créer les conditions pour que cesse cet état de fait.
Les moyens à mettre en oeuvre
Combattre les idées reçues. il est bon de rappeler qu’il y a toujours eu des hommes éclairés capables de considérer que les femmes avaient leur place dans la culture et l’édification du savoir humain. Mais les femmes elles-mêmes en sont-elles persuadées et agissent-elles en conséquence ? +
Encourager les filles à poursuivre des études dans les divers domaines de la science et non pas seulement dans les carrières médico-sociales où nombre d’entre elles se réfugient, les renseigner sur le fait qu’il existe des bourses d’études ou de projets dédiées aux femmes scientifiques et les aider à défendre leurs droits en matière de salaire.


Créer des outils pour aider les femmes à se promouvoir. Plusieurs associations promeuvent les femmes de science, quelle que soit leur spécialité, et encouragent les filles à ne pas se laisser influencer par ces idées préconçues. « Femmes et mathématiques », » Femmes et Sciences », « Elles bougent », « 100 000 entrepreneurs » et bien d’autres encore que je ne peux pas toutes citer, travaillent au quotidien pour aider les filles et les femmes à sortir de l’invisibilité où les condamne la société. Elles promeuvent les métiers scientifiques auprès des jeunes filles, valorisent le travail des femmes et les aident à prendre la place qui leur est due dans les conseils d’administration et les instances.

Des associations de culture scientifique comme Fermat Science, à Beaumont de Lomagne, ont mis en place un panel d’outils pour promouvoir la science auprès des jeunes, garçons et filles : Visite d’exposition, conférence, spectacles, initiation à la place des femmes dans l’histoire des sciences par le biais d’ateliers mettant en scène des femmes mathématiciennes du monde entier et de toutes les périodes, rencontres des jeunes avec des femmes ayant choisi de s’assumer, renseignements sur les possibilités de formation et de carrières qui s’offrent aux filles aussi.

Ce n’est pas être rebelle que de refuser l’archétype de la femme soumise, charmante, dévouée, faisant abstraction de soi. Les femmes aussi peuvent avoir un destin. Si on ne leur donne pas leur place, elles sont en droit de la revendiquer d’autant que le combat des femmes pour accéder au savoir n’est pas qu’un combat pour les femmes.
Un combat gagnant gagnant

On pourrait à cet égard reprendre la démonstration de l’historien Yuval Noah Harari : le savoir comme l’amour est une des rares denrées qui s’enrichit du partage. Les femmes, en devenant savantes n’amputent pas le savoir des, hommes, elles l’amplifient, l’enrichissent. Le partage, dans ce cas, n’est pas une privation mais une richesse.
La mixité est un contrat gagnant-gagnant. Elle a un impact sur l’ambiance dans les collectifs de travail et permet d’apporter des éclairages différents sur les sujets et la méthodologie. S’il faut en croire Agnès Netter, directrice de la mission pour la place des femmes au CNRS citée dans le numéro spécial : « Tout souci d’équité mis à part, favoriser la mixité des équipes est, à coup sûr, un gage d’excellence pour le CNRS à l’heure où le monde de la recherche est de plus en plus ouvert et concurrentiel »

Voici quelques siècles, l’italienne Maria Agnesi, mathématicienne autodidacte, lectrice de Descartes, Newton, Leibniz, Euler, qui a écrit plusieurs traités de géométrie analytique et étudié la courbe cubique qui porte son nom s’était déjà exprimée à ce propos. Nommée à l’académie des sciences de Bologne, elle a écrit en 1738, dans son « Plaidoyer pour l’éducation des femmes » :
« La nature a doté l’esprit féminin de la faculté de comprendre toutes les connaissances. En privant les femmes de la possibilité de s’instruire, les hommes travaillent contre le plus grand intérêt du public », un terme qu’on remplacera avec profit par : de l’humanité.
En ce début du XXIe siècle Le message délivré par l’écrivaine Benoîte Groult en 1977, reste plus que jamais d’actualité : « Aujourd’hui, le féminisme n’est plus masculin ou féminin, il est en train de se fondre dans l’humanisme, que Renan définissait comme « l’estime et l’amour de l’humanité ondé sur la croyance en la perfectibilité du genre humain » « Comment ne pas lutter ensemble pour une cause qui concerne la moitié de l’humanité ? «
Pendant des millénaires, les êtres humains se sont privés d’un potentiel d’évolution inouï. Quand on pense que la plupart des femmes qui ont réussi en matière scientifique sont des autodidactes, on rêve de ce que pourrait devenir une société qui jouerait la carte de l’égalité et donnerait à tous, femmes comprises, l’accès au savoir.
Que de temps perdu !