Malgré tous les efforts déployés depuis des siècles par les femmes et par des hommes éclairés, la discrimination reste la règle. Criante dans certains pays où les femmes vivent une soumission absolue, plus feutrée ailleurs, mais quand c’est l’Institution elle-même qui crée la différence entre les sexes, la conclusion s’impose d’elle-même : si l’on veut lutter contre cet état de choses, ce sont les mentalités qu’il convient de changer.
Il appartient aux femmes de de changer leur positionnement. Le positionnement des femmes, c’est celui que leur éducation les a dressées à adopter. Depuis toujours, elles ont traduit les écrits des hommes, mis au propre, corrigé les épreuves, complété le travail de leur époux ou d’un collègue. Elles ont accepté en toute ingénuité d’être confinées dans ce rôle subalterne. Moins ambitieuses, à part quelques exceptions notoires, moins douées pour la compétition, plus aptes à reconnaître les apports de leurs partenaires dans leurs recherches, elles partent avec une série de handicaps qui les pénalisent dans cette course de fond qu’est la conquête de la notoriété.
Ajoutons à cela que, si elles se montrent souvent capables d’apporter un regard neuf, moins mécaniste et plus imaginatif que leurs compagnons masculins, elles ont le plus souvent, au cours de l’histoire agi comme transmetteuses de savoirs ainsi que le souligne Jean-Pierre Poirier dans son livre : Histoire des femmes en France.

A ce stade on pourra, avec profit, inciter nos contemporaines à faire leur la parole de James Arthur Baldwin, écrivain noir américain qui, après un long séjour en France, est reparti dans son pays pour lutter contre la double exclusion dont les noirs et les homosexuels faisaient l’objet :
« Ne laissez pas aux autres le soin de dire qui vous êtes. Dites-le vous-même »
La deuxième étape et non des moindres, est pour les femmes de lutter contre l’un des pièges les plus insidieux parmi ceux qu’elles ont eu jusqu’à présent à combattre. La première étape est de refuser Le mythe de la complémentarité et, ce faisant d’affirmer, leur capacité à gérer et à décider.

Certes, au XXIe siècle, nul n’oserait avancer comme Rousseau : « Tout ce qui tend à généraliser les idées n’est pas du ressort des femmes, leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c’est à elles de faire les observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes ». Mais s’il faut en croire la sociologue Réjane Sénac, certaines grandes sociétés contemporaines donnent une version un peu plus sophistiquée et tout aussi pernicieuse de cette même affirmation en créant à la tête de telle ou telle grande entreprise dont une femme assure la direction, un binôme homme-femme, L’un qui prend des risques et l’autre qui gère en bonne mère de famille. Un piège d’autant plus dangereux d’autant qu’il flatte l’un de leurs penchants dits naturels que la culture patriarcale leur a imposé depuis des millénaires et qu’elles ont fait leur. Il les place, avec leur accord, sous l’ombre tutélaire de l’homme.
Car il appartient aux femmes elles-mêmes de parcourir ce « long chemin vers l’égalité » dont fait état l’excellent supplément du CNRS datant de mars 2010. Stéphanie Arc et Philippe Testard-Vaillant, à l’occasion du centenaire de la journée du 8 mars, y mettent en cause « la société qui attribue des rôles à chacun des sexes et tend à les présenter comme innés. »
« Si ces rôles ne sont pas déterminés à la naissance, » continuent ces deux auteurs dans le préambule de ce dossier passionnant, « pourquoi est-il si difficile d’y échapper et de les faire évoluer ? Comment le genre façonne-t-il notre société ? Et au final, pourquoi les femmes n’y trouvent-elles pas la place qu’elles devraient avoir ? »

A reblogué ceci sur Claire Adélaïde Montiel.
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