Comme on a pu le voir dans les différents articles déjà édités sur ce blog , les stratégies mises en place par les femmes pour accéder au savoir furent très diverses, mais du Moyen âge jusqu’au début du XXe siècle, ce qui demeure constant, c’est leur revendication pour l’accès à la culture.

Le terme de féminisme n’apparaît pas avant la fin XIXe siècle, – on en attribue la paternité au philosophe français Charles Fourier- mais au fil de l’histoire, les exemples ne manquent pas de propagandistes portant haut la bannière de l’égalité des sexes. Je m’en tiendrai pour l’essentiel aux femmes françaises mais le mouvement est de dimension internationale.

En France, on peut citer dès le XV° siècle, Christine de Pisan, fille d’un médecin et astrologue, première femme à vivre de sa plume après son veuvage, et auteure du livre : La cité des dames. « Si c’était la coutume d’envoyer les petites filles à l’école et de leur faire apprendre méthodiquement les sciences, comme on le fait pour les garçons, elles apprendraient et comprendraient les difficultés de tous les arts et de toutes les sciences tout aussi bien qu’eux.
Au XVIe siècle Marguerite de Navarre, sœur de François Premier qui reçut la même éducation que son frère et insista sur l’identité de l’homme et de la femme en tant qu’êtres humains.
Au début du XVII° siècle, Marie le Jars de Gournay, alchimiste et femme de lettres « fille d’alliance » de Montaigne qui traduit Salluste, Ovide, Virgile, Tacite et déchaine la fureur de ses contemporains en réfutant la thèse de la soi-disant infériorité féminine.
Au XVIIIe siècle, Marie Gasparde de Grimaldi soumet à l’évêque d’Annecy un mémoire sur Le droit du sexe pour l’étude des sciences. « Il faut enseigner les sciences aux femmes, à moins que par contrariété ou par envie, craignant que nous leur devenions supérieures, les hommes ne s’y opposent. ».


Au XIXe siècle dans les cahiers de doléance, les femmes expriment leurs demandes concernant le droit à l’éducation, le besoin de sages-femmes, l’institution du divorce. « Nous demandons à être éclairées, à posséder des emplois, non pour usurper l’autorité des hommes mais pour en être plus estimées». Olympe de Gouges engage les femmes à se mobiliser contre l’injustice. Elle publie la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne où elle revendique, entre autres, le droit à l’instruction pour tous les êtes humain, femmes comprises.

Il faudra attendre la fin du XIX° siècle pour que les filles puissent bénéficier de l’enseignement secondaire public mais n’ayant pas la possibilité de passer les épreuves du baccalauréat, elles avaient pour unique débouché le brevet supérieur et se voyaient, de ce fait, exclues des universités, des académies et des bibliothèques scientifiques les plus prestigieuses. Quand enfin, au cours de la première partie du XXe siècle, elles accèderont aux études supérieures, elles se verront le plus souvent refuser l’entrée aux laboratoires, aux hautes études, aux chaires qui donnent accès au matériel nécessaire pour leurs recherches. En 1901, les universités enregistrent un taux de 3% pour les femmes. Entre 1914 et 1930, le taux de féminisation de la profession médicale est de 2%.

Il faudra attendre 1981 pour que Marguerite Yourcenar soit élue à l’Académie française grâce aux efforts de Jean d’Ormesson et ce n’est qu’au début des années 1990 que des travaux de féministes ont fait émerger quelques grandes figures, parmi lesquelles d’éminentes mathématiciennes comme Sofia Kovaleskaya, la première femme à obtenir un doctorat de mathématiques puis à enseigner à l’université de Suède. En revanche, Emmy Noether, bien qu’ayant vécu trente ans plus tard, n’a rencontré que des déboires dans les milieux universitaires.
Les femmes ont dû parcourir un long chemin pour accéder à l’égalité. Celles d’entre elles qui furent créatrices ont dû, le plus souvent, bousculer les préjugés de leur temps, dépasser les obstacles culturels, idéologiques et sociaux qui constituaient des freins à leur épanouissement personnel et à leur contribution au savoir de l’humanité. Mais avant même d’en arriver là, elles ont eu tout d’abord à vaincre les obstacles psychologiques susceptibles de les démotiver et celles qui ont réussi à franchir ce cap n’ont pu s’imposer dans le monde masculin qu’en joignant à leurs qualités humaines un courage et une détermination hors pair.
A reblogué ceci sur Claire Adélaïde Montiel.
J’aimeJ’aime