ETRE FEMME AUJOURD’HUI. SAISON 3 (1/4). Enfin l’égalité des droits ?

Aujourd’hui, dans les premières décennies du XXIe siècle, les choses ont bien changé comme le souligne Elisabeth Badinter : « Pour nous autres, privilégiées des pays démocratiques, la preuve est faite que nous sommes entrées dans une nouvelle ère qui reconnaît la légitimité du modèle égalitaire entre les sexes ».

Il aura fallu, pour arriver à ce résulta, un arsenal de lois et il n’est pas inutile de signaler que cet optimisme doit être tempéré. Tout d’abord, aujourd’hui encore, dans de nombreux pays du monde, les femmes sont toujours condamnées à vivre dans un état de soumission, et d’autre part, même dans les pays « démocratiques », rien n’est définitivement acquis. Dans ce domaine comme dans tout ce qui touche aux libertés fondamentales, la prudence reste de vigueur.

En France, la loi de 1905, loi de séparation des églises et de l’Etat, a été un formidable moteur pour l’émancipation des femmes. La seconde moitié du XX° siècle a joué un rôle fondamental pour l’accès à l’égalité des droits. « Les résultats de cette laïcisation des sociétés démocratiques sont considérables pour les femmes : le divorce civil…, la liberté sexuelle, la maîtrise de la reproduction, l’autorité parentale partagée, l’indépendance financières des femmes, la fin programmée de la séparation des deux mondes masculin et féminin… Ce modèle de la ressemblance des sexes qui ignore la hiérarchie est le seul, à ce jour, à pouvoir réunir hommes et femmes dans une humanité, commune »[1]

Pour autant, peut-on dire que tous les problèmes sont résolus ?

Notre société ne pratique toujours pas l’égalité. Il n’est que de lire l’article de Stéphanie Arc tiré de l’excellente enquête publiée dans le journal du CNRS[2] : « Car si par leurs luttes les femmes ont dans nos sociétés fini par acquérir une égalité de droits avec les hommes, les inégalités perdurent dans les faits. En ce sens le genre, s’avère un rapport asymétrique au profit des hommes et au détriment des femmes »

L’Inégalité salariale reste la règle. Les salaires des femmes sont encore aujourd’hui, à compétence égale, en moyenne 23 % plus bas que les salaires des hommes. Les secteurs les plus féminisés sont aussi les moins valorisés et, en conséquence, les moins bien rémunérés. Quand un secteur d’activité se féminise, il perd du prestige et, inversement, lorsqu’un secteur gagne en prestige, on voit diminuer de manière drastique le nombre des femmes qui y ont leur place.

Ada Lovelace (1842)

Le secteur informatique est à cet égard significatif. Lors des débuts de l’informatique, dans les années 50, ses différents métiers étaient considérés comme féminins. Programmer n’était pas considéré comme une tâche intellectuelle mais comme la continuation du métier des calculatrices qui travaillaient, entre autres, dans les observatoires astronomiques.  

Grace Hopper (1949)

Dans ce secteur, les femmes ont pourtant été pionnières. Quelques exemples : en 1842, en marge des recherches de Charles Babbage, Ada Lovelace est considérée comme l’inventeure du premier programme informatique de l’Histoire. Le nom du langage informatique Ada a été choisi en son honneur. Près d’un siècle plus tard, en 1949, Grace Hopper, officière de marine américaine, a inventé entre autres un algorithme pour programmer les ordinateurs : le COBOL.

Ces deux pionnières ne sont pas les seules femmes à avoir œuvré dans la longue chaîne de savants qui ont fait de l’informatique ce qu’elle est devenue.

Avant 1980

Or, aujourd’hui, en France, depuis les années 1980, 15 à 20% seulement des scientifiques de l’informatique sont des femmes. Pourquoi ? Parce que, suite à une forte demande, ces métiers ont été valorisés, ce qui a eu pour conséquence de créer l’émergence d’une culture propre à l’informatique, d’augmenter la proportion d’hommes et de provoquer, du même coup, l’éviction des femmes de ces filières devenues prestigieuses.

Après les années 1980

Un mouvement qu’on retrouve partout dans les représentations scolaires qui poussent les garçons vers les métiers techniques et scientifiques et les filles vers les filières littéraires et médico-sociales. Les clichés ont la vie dure : dans les esprits demeure l’idée que les femmes ne sont pas faites pour les sciences dures.


[1] Elisabeth Badinter : la laicité, un enjeu pour les femmes, p.51. In Laïcité : un enjeu sur la voie de l’émancipation

[2] Le Journal du CNRS, supplément duN°142, mars 2010. Le long chemin vers l’égalité, IV

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