Parmi l’arsenal des lois destinées à instituer l’égalité entre hommes et femmes, Les lois sur la parité jugées nécessaires par tous ne sont opérantes qu’en partie.
La France, pays des Droits de l’Homme, a été obligée de mettre en place ces lois contraignantes mais malgré cela, à l’Assemblée Nationale, il n’y a que 5 à 10 % de femmes.
La parité n’est pas davantage respectée dans l’enseignement supérieur. Stéphanie Arc en fait état, « les femmes demeurent minoritaires numérique puisque toutes disciplines et tous grades confondus, on compte environ une femme pour deux hommes parmi les chercheurs et les professeurs de l’enseignement supérieur… Force est de constater que, dans le secteur scientifique… un chercheur sur trois seulement est une chercheuse. »[1]

D’autre part, l’accès à la reconnaissance et aux honneurs est encore bien loin d’être égalitaire. En proportion, les femmes reçoivent infiniment moins de récompenses que les hommes du même niveau. D’après la sociologue Catherine Marry, « quelle que soit l’ampleur de la féminisation à la base, celle du sommet résiste. Le monde académique n’échappe pas au plafond de verre qui pèse sur la carrière des femmes. Autrement dit, dans toutes les disciplines, leur part s’étiole au fil de la hiérarchie des grades, des honneurs, des responsabilités et des rémunérations »
Cet état de fait se traduit également dans les ouvrages répertoriant les célébrités. Dans le dictionnaire biographique des savants édité en Angleterre avant 1972, sur 966 entrées, on compte 6 femmes : Hypatie, Maria Agnesi, Sophie Germain, Mary Somerville, Sofia Kovaleskaya, Emmy Noether. Un choix qui n’est pas à contester mais un nombre de femmes émérites ne correspondant en rien à la réalité.
C’est un peu mieux pour les prix Nobel même si la proportion de femmes primées reste insignifiante. Jusqu’en 2011, les Nobel ont en effet récompensé 786 hommes et 44 femmes soit à peine 6%.

Enfin il faut attendre 2014 pour qu’une première femme se voit attribuer la médaille Fields en récompense de ses recherches mathématiques. Il s’agit de Mariam Mirzakhani, une Iranienne de 37 ans.
Il arrive souvent que les travaux des femmes ne soient pas reconnus pour diverses raisons et qu’elles soient spoliées de leurs découvertes par leurs collègues masculins.


Lise Meitner, jeune femme juive, a participé à la découverte de la fission nucléaire avec l’allemand Otto Hahn. Il a eu le prix Nobel pour cette découverte, elle n’a pas même été mentionnée.
Même injustice avec Rosalind Franklin, britannique spécialiste de la diffraction aux rayons X. Elle découvre les fondements de la structure moléculaire de l’ADN. Wilkins, son collègue de travail s’empare de ses notes, de ses clichés, et fait état de ses recherches sans la nommer. Wilkins, Watson et Grick décrochent, en 1962, le Nobel de médecine pour cette découverte, mais comme elle a eu le mauvais goût de mourir en 1958, aucun de ses collègues ne la cite. Chien Shiung Wu, américaine née en Chine démontre l’asymétrie droite-gauche dans certains phénomènes nucléaires. Elle participe aux travaux de Tsing Dao Lee et Chen-Ning Franklin Yang mais ne partage pas leur prix Nobel, reçu en 1957.

Ce ne sont que quelques cas, il y en a bien d’autres mais il serait trop facile d’incriminer les hommes quand c’est l’Institution elle-même, par sa politique de discrimination, qui crée ces différences.
[1] Le Journal du CNRS, supplément du N°142, mars 2010. Le long chemin vers l’égalité, VII